Le jeudi 14 mars, il y a eu dans le Palais de Justice un véritable ‘Forum de Citoyens’ organisé par des jeunes habitantes de Tournus. On a parlé sur la réalisation possible du parc historique ‘Eclat’ et échangé des informations sur le ‘OÙ, QUI et QUOI’ de ce parc. Le forum était une tentative de faire ce que notre équipe municipale ne fait pas (malgré les promesses pendant les élections): une consultation des citoyens et une vraie participation démocratique pour décider le futur de Tournus.

La nature de ce genre de Forum entraine que ce sont surtout les activistes ‘contre’ qui viennent s’exprimer. Personnellement, j’ai une position plutôt ouverte au projet. Mais après avoir été hué pendant une réunion précédente je n’avais plus beaucoup envie de m’exprimer devant ce monde unisono.

En effet, une première petite remarque atténuante de ma part a été immédiatement puni par un monsieur qui voulait bien attester sur mon ignorance. Je me suis donc tu.

Par contre, j’ai écrit un petit récit pour expliquer ma position. Appelez-moi l’avocat du diable.

Le développement durable et un parc d’attraction? Pourquoi pas!

Ça pourrait être un atout supplémentaire pour Tournus, où l’offre culturelle est actuellement assez ‘haut-moclite’. Nous avons l’abbaye et le musée Greuze mais l’art Roman n’intéresse pas tous les publics. Le musée du vélo est très beau et possède une belle collection, mais il n’est pas assez attractif pour attirer les gens de venir à Tournus.

Ces dernières années, Tournus se porte bien. Le quartier de l’abbaye s’est enrichi de deux bons bistrots et d’un office de tourisme agréable et complet. La boutique médiévale est également un bel ajout. Un peu plus loin, l’offre hôtelière a été élargie et rénovée. Le reste de la ville reprend lentement mais sûrement des couleurs. Bien que dans les façades il y ait encore quelques dents creuses ici et là, et qu’il y ait relativement beaucoup de chômage.

Ce qui manque, c’est une véritable attraction populaire. Ce pourrait être le Parc Éclat. Une expérience pour les jeunes et les moins jeunes, avec des présentations historiques et des spectacles sur la riche histoire de la Bourgogne et surtout de la Saône et Loire.

Un bon exemple dans le Beaujolais

Chaque année, le Château Nervers, dans le Beaujolais, organise un spectacle art et lumière « Le Serment du vigneron« . Des gradins pour mille personnes sont construits dans les vignes, une projection est faite sur la façade du château et il y a du théâtre, des combats de chevaliers et de la musique. Ce spectacle attire un millier de visiteurs par jour pendant une semaine. Après cette semaine, les gradins sont démontés et l’exploitation des vignobles se poursuit.

Pourquoi donc un parc historique à Tournus?

Si le parc réussit, au moins 200 000 visiteurs supplémentaires viendront chaque année à Tournus. Certains repartiront immédiatement après la visite, mais d’autres décideront certainement de rester pour la nuit. Ou de rester deux nuits au lieu d’une. Ces personnes viendront fréquenter nos commerces, dormir dans nos hôtels et chambres d’hôtes et manger dans nos restaurants.

Sans parler des personnes qui viendront travailler dans le parc. Parmi eux, il y aura sans doute des gens de théâtre, des animateurs, des musiciens, des jongleurs, des cascadeurs. Sans oublier, bien sûr, des personnes qui organisent et gèrent et ceux qui feront la restauration rapide. Tous ces gens peuvent venir vivre à Tournus, contribuant ainsi à l’économie et à la prospérité.

La croissance n’est pas une fin en soi, surtout en ces temps où nous épuisons la terre. Mais la prospérité nous permet aussi de faire de meilleures choix. Et plus d’habitants signifie aussi plus de chances pour les commerces existants de survivre et pour la création de nouveaux commerces.

Le développement – si durable – n’est pas une mauvaise chose.

J’avoue que je ne suis pas 100% sans objectif ultérieur. Nous avons une galerie dans le centre de Tournus. On vend de l’art qui mérite un large public. Je reconnais honnêtement que nous ne pouvons pas survivre qu’avec les habitants de Tournus. Nous vendons surtout à des gens de l’extérieur. Des Parisiens, des Lyonnais qui ont une résidence secondaire ici. Et bien sûr les touristes. Pour nous, une relance du tourisme à Tournus est la bienvenue.

En ce qui concerne l’emplacement du parc, je n’y vois personnellement pas beaucoup d’objections. Sur les terres agricoles de la Zone Nord, je n’ai personnellement vu que du maïs, du soja et des céréales. Des produits souvent vendus comme aliments pour animaux, et donc pour la production de viande. Bof. Bien sûr, il y a un côté nostalgique pour les locaux qui y ont vu des fermiers labourer, mais on ne peut pas tout garder non plus.

Il y a quelques années, nous nous sommes battus contre l’arrivée d’un Centre LeClerc. C’aurait été une véritable catastrophe. Un centre de distribution ou une zone industrielle sur ce site serait également un gâchis. Mais un parc d’attractions de petite ou moyenne taille me semble très bien.

Un parc exemplaire pour le divertissement durable?

Le Parc Éclat pourrait ressembler à cela. Une construction écologique, des aires de stationnement vertes, des panneaux solaires pour l’approvisionnement en énergie et tout ce qui est le plus naturel possible. Avec un espace pour l’éducation sur le fonctionnement durable du parc lui-même et peut-être des méthodes d’agri- et horticulture médiévale durables. Tout est possible pour éviter que le parc ne devienne qu’un simple divertissement à la Disney.

Appèl à l’ouverture

Le grand problème c’est que l’organisation garde jusqu’à présent les cartes proche de la poitrine. Il n’y a pas de transparence, ce qui laisse tout le monde spéculer sur la gravité de la situation. J’entends parler de « bétonisation » et de « culture en papier mâché », mais la réalité est que nous ne savons pas ce qu’il en est.

Mon appel aux responsables serait d’aller de l’avant, de se débarrasser de la peur et de travailler avec les habitants de Tournus pour créer une attraction historique qui ne soit pas seulement extrêmement intéressante et riche sur le plan culturel, mais qui soit également durable et nuit pas à la planète.

Ceux qui sont contre, pensez aussi un peu aux possibilités de travailler ensemble et créer des jardins ou la production agricole bio pour le court circuit. Les responsables du parc ont acheté plusieurs hectares de terrain en surplus. Au lieu de mettre les talons dans le sable, pourquoi pas faire la paix et chercher la collaboration?

Vos réactions,

pourvu qu’elles soient respectables et respectueuses, sont les bienvenus dessous.

Mise à jour: relire aussi cet article fort intéressant par Geoffrey Gautheron.